• Rappels historiques :

     

    • 29 novembre 1947 : l'Assemblée générale des Nations unies partage la Palestine en un Etat juif, un Etat arabe et une zone internationale pour les lieux saints de Jérusalem. C'est la Nakba ou catastrophe en arabe.

       

    • 14 mai 1948 : Israel proclame son indépendance, et dès le lendemain, fait face à l'armée arabe qui refuse de reconnaître le partage du territoire. Cependant l'état isrélien est plus armée et mieux entraîné que son ennemi et Golda Meir avait passé un accord dès 1947 avec Abdallah de Transjordanie, seule légion arabe la mieux entraînée pour lui faire promettre de ne tenter aucune attaque si Israel l'aidait à conquérir le territoire laissée à la Palestine..Et si Israel, reprend au début le protocole Onusien pour intégrer les nations unies, elle ne cessera par la suite de boycotter la conférence de Lausanne. Les milices juives, dont le Hagana, forcent déjà la population palestinienne à l'exode. En 1948 : transfert forcé de 70 000 palestiniens exigé par David Ben Gourion et Itzhak Rabin. L'état juif augmente donc son territoire d"un tiers et massacre les quatre-cinquième des palestiniens qui y vivaient. Au départ donc, la Galilée, la plaine côtière entre Ashdod et la bande de Gaza ainsi qu'une partie du Néguev, faisaient parti du territoire arabe.

       

    • Les israéliens refusent désormais de reconnaitre les frontières dessinées par l'ONU avant 1967 et que le précedent gouvernement avait accepté mais imposent paradoxalement un mur, seul frontière visible, qui lui est condamné par la court internationale de justice de la Haye.

       

    • 1949 Tel aviv signe un accord de paix avec les pays limitrophes dont la Syrie et la Cisjordanie. Le conflit s'arrête un temps.

       

    • 1948-1967 : tous les exilés de cisjordanie se réfugient dans la bande de Gaza, désormais la possession de l'Egypte.

       

    • 1967 : Guerre des six jours et première intifada. Création du Hamas, branche palestinienne d de la confrérie islamiste des frères musulmans**. Création de l'OLP : Organisation de libération de la Palestine. Israel organise une guerre contre la Syrie, l'Egypte et la Jordanie. Elle remporte en six jours le Sinaï égyptien. L ONU demande alors le retrait des forces israeliennes des pays arabes en échange d'une reconnaissances de l'état d'Israel par ces derniers. Mais comme ils n'avaient déjà pas acceptés ceux décidés en 1948 et Israel préférant l'étendue de sa nouvelle configuration territoriale, elle refuse.

       

    • 6 octobre 1973 , Guerre de Kippour. Troupes égyptiennes et syriennes lancent une offensive contre Israel. Les USA soutiennent Israel tandis que l'Urss arme la Syrie et l'Egypte. Cesser le feu le 25 octobre.

       

    • 16 au 18 décembre 1982, Massacre de Sabra et Chatila : deux camps de réfugiés palestiniens de Beyrouth ouest sont massacrés par les phalanges israeliennes lors de la guerre du Liban.

       

    • 1987 : Première intifida ( lutte des palestiniens contre Israel). Née avec la protestation de jeunes palestiniens qui gagne bientôt tout les territoires occupés par Israel.

       

    • 1991 : Processus de paix israelo-arabe troublé par des violences des deux côtés.

       

     

    • 1993 : Accord de paix d'Oslo entre Itzhak Rabin et Yasser Arafat. Israel et l'OLP se reconnaissent mutuellement.

       

    • 1994 : Yaser Arafat reçoit un accueil triomphale en Palestine élu président de l'autorité palestinienne avec 97% des voix. Itzhak Rabin est assassiné par un extrémiste juif. Installation de la toute nouvelle autorité palestinienne à Gaza. Israel abandonne quelques parcelles du territoire occuppé.

       

    • 2000 : Seconde intifada en raison de la visite du premier ministre israelien à l'Esplanade des Mosquées à Jérusalem, visite perçue de façon provocatrice.

       

    • 2002 : Israel construit un mur de béton de 700 km entre elle et la Jordanie.

       

    • 2004 : Le Hamas remporte les élections.

       

    • 2005 : Pseudo décolonisation israelienne de Gaza : en réalité, Israel a toujours la main mise sur les états civiles, les installations sanitaires, l'eau potable...

       

    • 2007 Putsh du Hamas contre l'Autorité Palestinienne dirigée ensuite par Mahmoud Abbas. Processus de paix relancé avec Israel en Novembre.

       

    • Juin 2008 : le Hamas reprend ses tirs roquette contre Israel qui répond aussi violemment.

       

    • 2014 : Troisième intifada? Les conflits entre extrémistes des deux bords ne font que s'amplifier, les accords de paix sont dans l'impasse et les violences accruent ne laissent pas imaginer d'autre scénario alternatif.Liebermann et Bennet radicaux de droite israeliens, demandent l'éradication de la bande de Gaza. 

     

     

    • Israel / Palestine : La responsabilité des Médias

     

     

    Réminescences..

     

    L'été dernier, les conflits ont repris de plus belle pour les territoires de la Cisjordanie, de Jérusalem est et de Gaza depuis qu’Israël a lancé un missile sur une école palestinienne de l'ONU en réponse à des tirs roquettes à l'initiative du Hamas. Sans que ne soit plus avant posé la question de la disproportion de la réponse du gouvernement israélien, le conflit s'exporte à l'international et attise les violences inter-religieuses qui se greffent et viennent complexifier les motifs initiaux fondamentalement politiques et territoriaux . A Paris, fin juillet, la rue de la Roquette a été le théâtre des échauffourées entre la ligue de la défense juive ( catégorisée comme extrémiste par Israël et les USA mais pas en France) et les manifestants palestiniens venus là pour manifester pacifiquement en réponse à la réunion de manifestants pro-israel devant la synagogue. Au départ, avant que les groupuscules extrémistes des deux bords ne s'en mêlent, aucunes insultes à caractère racial ou religieux n'avaient été échangées (selon la confirmation des témoins de Rue 89). Le front de libération de la Palestine réplique en bombardant deux synagogues. Le Fatah et le président leader, opposés aux actions du hamas ( Mahmoud Abbas aurait pourtant déclaré que les juifs souillaient la Mosquée de l'esplanade en 2000) désapprouvent cependant cette attaque terroriste. Benjamin Nethanyaou prend motif de ces récents événements pour justifier le renforcement de ses positions en terre arabe . Le président Israélien, qui suite à sa disgrâce médiatique et dépasser par l'ampleur de l'indignation soulever par le massacre palestinien ( un millier de civil à Gaza) sur les réseaux sociaux, ose se plaindre de l'excès de « télégénie » des morts palestiniens ( Arrêt sur Image) . Un accord de cesser le feu avait cependant été conclu le 26 aout dernier, après 50 jours de conflit dans la bande de Gaza. Il prévoyait une reprise des négociations sous un mois. Israel souhaiterait que le Hamas démilitarise la région, pourtant le seul atout militaire réel de la Palestine face à la Quatrième puissance militaire mondiale.

     

     

    Pourtant , un processus de paix paraissait déjà en cours de délibération entre les deux pays tout au long de l'année 2013, sous pression des Etats-Unis et du président Barack Obama qui insistait sur la nécessité d'un accord bilatéral et la restitution du territoire palestinien.

    Pourquoi cette rupture? Est-ce que la situation actuelle de l'échiquier Moyen-orientale enflammé par le conflit arabo-syrien et la course à l'armement nucléaire iranien n'auraient pas amené l'Amérique et Israel à reconsidérer les bases de la négociation entre les deux états? Car même si en juillet dernier, Obama désapprouve publiquement les tirs d'Israel, les USA ont poursuivis les versements d'armes et de munitions à l'armée pour un montant équivalant à 225 millions de dollars.

    Et l'Union Européenne dans tout ça ? Restriction sur les accords de libre échange avec Israel, rappel des ambassadeurs, embargo sur les produits israelien ( Voir la liste des produits sur http://www.france-palestine.org/IMG/pdf/join_the_bds_movement_and_make_an_impact.pdf ) si la législation semble progressive, l'Union met du temps à agir concrètement et stagne sur ses déclarations d'intentions. Seule la Suède, le 30 octobre dernier, a suscité la surprise en reconnaissant la Palestine avant qu'aucun accord ne soit entériné entre les deux belligérants . L'état scandinave arguait des conditions toutes remplies pour que la Palestine soit reconnue comme un pays. S'en est suivi un échange savoureux entre le très à droite ministre israélien Liebermann : « Les affaires du Moyen Orient sont plus complexes que de monter un meuble Ikea » et son homologue suédoise Margot Wallstrom : "Heureuse d'envoyer à Monsieur Liebermann un meuble Ikea à assembler. Il verrait que cela nécessite un partenaire, de la collaboration et un bon manuel ». Les gouvernements espagnol et britannique, face à l'instabilité de la politique intérieure palestinienne ( état clivé entre le Hamas et l'Autorité palestinienne, et malgré le gouvernement d'Union proclamé en Juin dernier) décide de confirmer un vote « symbolique » en faveur de la reconnaissance territoriale.

     

     

    Le prisme médiatique du conflit israelo-palestinien :

     

    Les propos qui suivent ont en parti été recueillis lors de la conférence intitulée Israel /Palestine : une information équilibrée? L'intervenant était monsieur Julien Salingue, journaliste à ACRIMED qui analyse les failles de la couverture médiatique de ce conflit, vieux de maintenant soixante-cinq ans. Il y dénonce quatre angles de reportage récurrents :

     

     

    Equivalences et indifférence

     

    En premier lieu, selon Salange, on adopte le leitmotiv de la neutralité. Aucun des deux partis ne sera favorisé et à aucun moment le journaliste ne se positionnera.

     

    Cette attitude déséquilibre en réalité la perception du réel et ira en faveur du pays ayant le plus d'assises économiques, politiques ou militaires. Dans le cas très précis d'Israel, le pays possède sa souveraineté territoriale, une armée, une économie saine et des institutions fonctionnelles. Elle est même la quarante-cinq ème puissance du monde. Tandis que la Palestine n'a aucune économie et dépend de subventions internationales. Son territoire n'est pas défini et elle n'obtient aucune reconnaissance institutionnelle. Ces deux états ne jouent donc pas à parts égales! Le docteur linguiste Noam Chomsky accuse : « Israel uses sophisticated naval vessels and attack jets to bomb densely crowded refugee camps, schools, appartments block , mosques and slum to attack a population that has no air force, no air defense, no navy, no heavy weapons, no artillery units, no mechanized armor, no command in army, no control... and call it a war. It's not a war, it's a murder ! *»

     

    Ce déséquilibre des droits se retrouve dans l'attitude respective des deux camps vis à vis du droit pénal international : la Palestine poursuit toujours des démarches auprès de la communauté internationale pour que lui soit reconnue sa souveraineté quand Israel est un état hors du droit qui viole le respect de la Convention de Genêve. En attaquant et en colonisant des territoires ou en dressant des embargo sans en faire la demande auprès des nations-unis, au détriment de la nécessité de légitimation de tout acte d'agression, forte de son assise au sein de la communauté internationale et d'un sentiment de culpabilité historique des états occidentaux.

     

    Si l'on prend par exemple un titre passe-partout : Palestine Israel, une guerre pour rien?

    On remarque que la juxtaposition des deux états les égalise, disqualifie le débat. En les présentant comme deux entités jointes, un ensemble indifférent, l'information perd son sens : le nombre de victimes s'additionne sans humanité pour devenir un bilan comptable même si il y a plus de morts du côté palestinien qu'israélien. Au lieux de polariser le débat sur le fond, certains journalistes mettent donc en exergue les comparaisons morbides, l'action, le témoignage : il y a une recherche d'équivalence des émotions des deux côtés. En procédant de cette façon, les injustices commises envers le peuple palestinien - sans équivalence du côté israélien- ne trouvent aucun écho. Il n'y a d'ailleurs aucun correspondant de guerre en Israel et par conséquence aucune véritable étude sur l'emprisonnement des intellectuels palestiniens et des colons de Gaza, qui s'élèvent pourtant au nombre de 70 000 à l'heure actuelle. Dans certains quartiers, les autorités israeliennes ne pourvoient que quatre heures d'électricité par jour. Les conditions sanitaires sont abominables ; aucun réfrigérateur, pas de traitement des eaux usées, aucun matériaux pour reconstruire les stations d'épuration. Les eaux usées se déversent dans les fleuves et les polluent, amenuisant encore les réserves palestiniennes.

     

    Ce traitement de l'information n'est pas récent. Les pool press, ces pôles de communication militaires ou les journalistes sont amenés à suivre des débriefing de l'état major, seul à pouvoir l'accès aux zones de conlfit, ont d'abord été créées sous Margaret Tatcher en 1991 puis ont proliféré au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. L'administration Bush s'est servie de la destruction du World Trade Center par Al Qaida pour rentrer en guerre contre l'irak en prétextant la construction d'armes massives, étayant même leur assertions par des preuves...Falsifiées. Et montées à Washington même ! Le Pentagone abritait en effet une section crée par le secrétaire adjoint à la défense, Paul Wolofwitz : le bureau des affaires spéciales. Cette période jusqu'en 2004 connaît de la part des médias internationaux( plus particulièrement américains et britanniques) une vague de ce que les experts n'appelleront que récemment "suivisme" à la très rare exception de quelque uns dont Newsweek et les journaux français. Ce qui vaudra d'ailleurs contre la France un déchaînement d'une ampleur inégalé, mélant tous les stéréotypes et les préjugés culturels que l'on peut connaître depuis plusieurs siècles et mettant une ponctuation piteuse au motto journalistique des années 80, basé pourtant sur le modèle d'investigation américain : "chose the truth, not a camp!" une véritable inversion de paradigme. Aujourd'hui, le problème de la partialité de la communication militaire demeure et pose un véritable frein à l'information tant il reste toujours un peu illusoire de croire à une considération et une reconnaissance professionnelle mutuelle tacite des deux camps : les objectifs des militaires et des journalistes ne coïncident pas souvent.

     

     

     

    Le piège du factuel

     

    Selon les formats voulus dans la presse comme à la télévision, sont invoquées les contraintes, temps, coût qui altèrent considérablement le sens. Il y a un refus de la complexité des situations qui pousse au paradoxe : le lieu commun l'emporte sur la singularité. Certains ne se en ne se focalisant par exemple que sur la chronologie, occulte les questions essentielles et retirent les évènements jugés trop confusants au profit d'une vision abrégée très souvent émotionnelle et insuffisante.

     

    La simplification pathos

     

    Quand les journalistes retirent trop peu d'éléments d'informations pour permettre d'analyser et comprendre les enjeux, l'explication, la portée de la situation ils se focalisent sur le visible sans aborder les questions de fond. Certains reportages partent de portraits pour appuyer la proximité et l'ampathie du spectateur, l'impliquer dans le sujet. On appuie sur l'émotionnel en parlant de résultats meurtriers, des tirs, des blessés. On se contente de relayer l'évolution du conflit de façon cyclique sans remonter à ses causes fondamentales. Le sujet en devient incompréhensible et dépolitisé comme le montre ce titre déjà paru dans la presse: Israel, Palestine, la tentation du Talion? Jean-Jacques CROS ajoute que lorsque la complexité d'une situation ne correspond pas aux grilles d'analyse habituelles des médias qui conviennent au format, on préfère donner davantage la parole à ceux qui vivent l'évènement qu'à ceux qui recoupent les informations liées et les analysent : « La monstration l'emporte sur la démonstration, l'idéologie de l'authenticité sur celle de véracité. Mais on confond voir, savoir et surtout comprendre. » et s'appuie également sur un aphorisme d'Alexis de Tocqueville : Une idée simple, mais fausse, a toujours plus de poids qu'une idée vraie mais complexe! Cette véritable amputation du sens découle en parti d'une logique mercantile de l'information : pour attirer le plus large audimat ou lectorat possible, on élimine les sujets difficiles, abstraits, complexes, ou simplement ennuyeux. Conformisme, Asepsie et Uniformité : des tares de plus en plus accrues par la concurrence .

    L'abus généralisé de cette "information-spectacle" conduit ainsi les mentalités au relativisme dénoncé plus haut . Si tout prend des dimensions spectaculaires alors rien ne peut avoir d'importance et valoir d'attention particulière. Comme Jean-Jacques Beineix le synthétise : Quand on utilise des mots énormes pour des choses qui ne le sont pas, quels mots pourra-t-on utiliser quand les choses deviendront énormes? .

     

     Collusion des intérêts et doxa dominante

     

    L'information est orientée par certaines influences dominantes du monde politique ou financier : c'est ainsi que certains journaux vont mettre en gros titre qu'Israel a accepté un cesser le feu là où le Hamas l'a refusé. L'image colportée est celle d'une Israel pacifiste et d'une Palestine belliqueuse. La réduction manichéenne s'impose : bons et méchants. Pourtant, il ne sera fait aucune mention des éléments précis constituant cette "mains tendue" ni des revendications bafouées de la Palestine.

    Auparavant, les journalistes abordaient plus souvent un angle neutre : on présentait la guerre entre l'Israel et la Palestine. Désormais c'est Israel contre Hamas. Soit un pays contre une entité politique et militaire. La population palestinienne est oubliée et il n'en ressort qu'un vacarme médiatique occultant les tenants et les aboutissants du conflit qui entretient la lassitude passive des spectateurs et des lecteurs en soutenant l'idée que les torts sont des deux parts et que le conflit s'éternise.

     

    Ce traitement journalistique, sans être légitime, s'explique par plusieurs facteurs :

     

    • Les tensions provoquent de l'attention et le rôle des journalistes étant de fournir de l'information, ils iront plus facilement donner la priorité à l'information visuelle et/ou mouvementée.

     

    • Il faut aussi prendre en compte la baisse des budgets de l'information médiatique. Aucune permanence n'est maintenue dans les pays : les journalistes ne partent désormais plus que pour des durées de deux ou trois jours. Voyages parfois "clef en main" et financé par de grandes entreprises.

       

    • Le format de l'information se réduit : trois minutes au journal télévisé, bandes défilantes AFP : aucun traitement n'est fait, ce ne sont que des accumulations de données brutes. Et ils se posent aussi certains problèmes d'ergonomie : les écrans de portables sont inconfortables pour lires les grands articles.

       

    • Le besoin et la demande vont vers l'offre : le journaliste n'est plus spécialiste de son sujet, il en est la simple courroie et avec la crise de la presse, cette tendance s'accentue : les journalistes travaillent à moindre coût et de plus en plus vite. Impossible pour eux d'approfondir un évènement, de recouper leurs sources ni même d'en chercher plusieurs, d'établir le travail liminaire de vérification demandé en école de journalisme : CROS emploie carrément à ce sujet le terme de stakhanovisme : les journalistes ne font plus de terrain, ne rencontrent plus les gens, ne mènent pas d'enquête mais ils téléphonent ou surfent sur internet. Ils deviennent de cette façon selon sa propre expression : agrégateurs de nouvelles.

       

    • Il y a un dictat de plus en plus fort de l'"agenda" diplomatique qui épouse les règles du sensationnalisme: par exemple, Marmoud Abbas, pendant ses études, a fait une thèse négationniste. Il a présenté ses regrets par la suite, mais si il avait été la personne à tuer, cela aurait été mis beaucoup plus en avant.

     

    • L'Organisation du système de l'information d' Israel est beaucoup plus efficient qu'en Palestine : l'armée a ses propres services de communication, twitter est utilisé dans chaque langue tandis qu'il se limite à l'arabe et à l'anglais pour le Hamas. Le gouvernement israelien encadre en plus la presse : démarche d'accueil, d'accompagnement, débrifing sur place à l'arrivée des reporters. ..

       

    • Il faut aussi mentionner la partialité occidentale qui reconnaît d''abord l'état Israelien. Elle est favorisée par une proximité culturelle et idéologique parfois inconsciente alors qu'en parallèle la Palestine ne partage pas la même religion.

       

    • Les sources de financement influent forcément mais ce qui compte presque plus, et dont bon nombres de personnalités parlent, c'est l'auto-censure des journalistes. Il y a par exemple eu par le passé un blocus de de l'info lorsqu'on à découvert qu'Orange investissait dans les armements. Il arrive que des journalistes se positionnent en fonction des sources de financement, de façon consciente ou nom. C'est le problème de porosité entre communication et information : aucune impartialité ne peut être garantie par un médias qui valorise, sélectionne et oriente son contenu pour le rendre attractif et désirable, selon une logique toute marketing. "L'information en temps de guerre est avant tout subsumée à la logique de guerre entre les médias d'information". Dès lors, le journaliste trahit sa cause première : nourrir l'exercice critique de ses concitoyens, sujet autonome est responsables sensés participer et élaborer la marche du monde. On n'en appelle plus à leur intelligence mais à leur émotionnel en les réduisant à une demande à laquelle l'on doit faire s'ajuster une offre. Ce fonctionnement déresponsabilise tout à chacun et amplifie la passivité de cette consommation silencieuse du public.

       

    • Tous ces facteurs convergent vers un mécanisme de précipitation pour faire paraître immédiatement les articles : il en résulte des publications faussées parce que des journalistes l'ont lus de travers. Cela pause la question de la véracité et de la fiabilité de l'information plus encline à provoquer des amalgames dangereux. Le consommateur n'est pas exempt de responsabilité, lui qui s'oriente toujours plus vers une information brève et peu onéreuse.

     

     

     

    * « Israel utilise des bateaux de guerre et des drônes pour bombarder des camps de réfugiés surpeuplés, des écoles, des lotissements, des mosquées et des bidonvilles pour attaquer une population qui n'a ni armée de l'air, ni défense aérienne, ni marine, ni non plus d'armes lourdes, aucune unité d'artillerie, ni de blindés, aucun pouvoir militaire et finalement, aucun contrôle... et ils appellent ça une guerre ! Mais ce n'est pas une guerre ; c'est un génocide ! »

    ** Selon le géopolitologue Frédérique Encel, le Hamas, loin de tout pacifisme, fait preuve dans véritable fanatisme non seulement antisioniste mais également antisémite. De fait, selon lui, le Hamas n'a jamais reconnu ni l'Etat juif ni les accords d'Oslo. Information à vérifier, et pour faire bon poid bonne mesure, je tiens à préciser que Monsieur Encel est associé par certaines sources au collectif Betar, mouvement pro-israelite. Mes recherches n'ont pour le moment permis d'invalider ni confirmer aucune de ces deux affirmations.. En suspens!

     

    Nota Bene : Cet article ne présente pas un tableau exhaustif de la situation actuelle et beaucoup d'autres viendront bientôt le compléter : composition du gouvernement palestinien et ses divisions historiques internes, accords commerciaux entre Israel et les Etats Unis, accords financiers et militaires de la péninsule arabique, alliances étatiques, guerre syrienne et course à l'armement nucléaire iranien... Beaucoup d'aspects sur lesquels ne peuvent être fait aucune impasse si l'on souhaite saisir la complexité des mutations moyennes orientales.

     

     

    Références : 

    Julien SALINGUE, Israel/ Palestine : une information équilibrée?

    Noam CHOMSKY : Israel et Palestine

    Jean-Jacques CROS : Médias, la grande illusion

    Michel MATHIEN : Les journalistes, Histoire, Pratique et Enjeux.

     

    Democraty now : an independant global News hour : http://www.democracynow.org/

    Le monde diplomatique : http://blog.mondediplo.net/2008-02-18-1948-la-Palestine-des-archives-aux-cartes

     

    Pour prolonger cet article :

     http://www.bastamag.net/Je-me-bats-pour-liberer-Israeliens

    http://www.mesdebats.com/monde/1228-palestiniens-israeliens-qui-a-raison

    http://www.lepoint.fr/monde/reprise-des-negociations-israelo-palestiniennes-le-24-septembre-20-09-2014-1865061_24.php

     

    Et les penseurs :

    • Ramolaba, Benjamin Barthes.

    • Alain Pongeolas

    Et voici deux interview de Noam Chomsky :

     http://www.democracynow.org/2014/8/7/a_hideous_atrocity_noam_chomsky_on

    http://www.democracynow.org/blog/2014/8/8/noam_chomsky_what_israel_is_doing

     

     

     

     

     


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  • Val sans retour, là ou se trouvent assis les amants pétrifiés.

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  •                  Nous y étions. La fouille au corps, les barreaux, les matons. Bon, souriais-je. Et je m'imaginais déjà Camille, ses beaux yeux noirs intraitables, soudainement illuminés. J'avais trouvé Ma situation. Tout était bien réel ; le lit-couchette rongé aux mites, l'oxydation du mobilier qui accusait l'humidité des lieux. Ma plus grande délectation résidait dans cet amas adipeux, là, juste dans l'angle. Retourné sur le ventre, il avait pour nom Hugo et ses ronflements convaincus -et par conséquent, convaincants- m'empêchaient de fermer l’œil. Je n'aurais osé espérer configuration si prometteuse. Ah j'avais de quoi les garder ouverts les yeux ! Jusqu'au bout, comme Garcin. Seule ombre à ce tableau idyllique, on m'avait enlevé mon Samsung. Je n'avais de ce fait aucun moyen de prendre ma selfie carcérale pour l'envoyer à ma belle. Abattu tout soudainement, je demeurais perplexe un petit moment. Dans ce cas là, tout ceci était absurde et ne servait à rien. Je vis Hugo tout autrement. Ou plutôt, je le vis pour la première fois et je décidais que lui et moi, nous faisions deux. Cette idée me redonna courage ; j'étais sur la bonne voie parce que Camille m'en avait souvent parlé ; la liberté de l'homme naît de cette solitude fondamentale qu'il ne connaît qu'en rencontrant son prochain. Hugo me faisait me sentir moi. J'avais mal aux oreilles, donc j'étais. Je luttais fièrement contre mon envie de l'étouffer. Je respectais sa liberté de nuisance et l'acceptais avec hauteur. Et quand le flot sonore pénétrait brusquement ma rêverie, je me répétais : « Lucien, tu es bon !». Des bruits de clefs, des pas. Un genre de Sancho Panza en uniforme entre dans le bureau. Il fouille un petit moment , se retourne et avance droit sur moi.

    Camille me disait que selon son héros, les hommes étaient perturbants parce que le moindre de leur trait suscitait en nous une réaction , ne pouvait laisser indifférent. « Toute expression est un appel » me disait sa petite voix grave. J'ai du louper le message, ou mal comprendre ce que ça voulait dire. Enfin sur le moment, en regardant Camille, je croyais capter moi. Ce petit pli au niveau de la lèvre, son menton fendu. Oui je crois que j'avais bien en tête la situation d'appel. A présent, deux gros yeux saillants m'inspectaient sèchement, encombrés sur le sommet d'une broussaille sale et noire qui suivait bizarrement la trajectoire longitudinale des lignes du front. Un front bas qui plus est, avec une implantation qui s’essoufflait vite sur le dessus. Je ne leurs trouvait rien d'émouvant. Il me fixait. Je lui rendais sa politesse, jonglant avec application d'un œil à l'autre. Subitement, je n'ai pas aimé ce que j'y ai vu: L'autre en nous regardant nous ramène au rang d'objet, nous réduit, je suis pensé par lui et cela m'objétise. « Bien bien Ménard ! » me rengorgeais-je en lisant la plaquette accrochée en dessous du blason: « c'est ta transcendance contre la mienne ! » . Cette fois-ci je lui faisais les gros yeux en les plantant dans les siens. Le bonhomme ne cillait pas. J'avais en face de moi l'Ordre et j'étais bien décidé à lui tenir tête.

    • Votre nom ?

    • Lucien. Lucien Fleurier.

    • Age ?

    • Ça change quoi ?

    • La durée de votre détention.

    • Donc j'ai le choix .

    • A quoi tu joues toi? Ca te suffit pas d'avoir un casier tout neuf ?

    • C'est vous qui vous êtes mêlé de me l'ouvrir.

    • Bien bien, laisse moi te récapituler tout ça : tu te trimbales nu sur la voie publique, des témoins t'ont vu circuler du Sacré cœur jusqu'au Quartier Latin, là tu t'arrêtes au café de Flore et tu demandes à voir un certain.. Jean-Pierre..Jean-Pierre Sarre. Le serveur a beau te répéter que ce n'est pas un client du café , tu insistes et puis tu le gifles... Il lève un nez couperosé dans ma direction :

    • Alors ?

    • Oui oui, ce sont les faits... Effectivement. Je ne relevais pas son erreur, certain de son ignorance. Elle me faisait le prendre en pitié.

    • Non content de scandaliser la clientèle et de laisser le garçon avec un coquart, tu invites les gens à en faire autant !

    • Hé hé. Nous sommes nombreux à penser la même chose ! Tout hypocrisie doit cesser. Et la première hypocrisie, celle qui nous éloigne de l'authentique, c'est l'habit ! Une frontière arbitraire, du chiqué !

      Le maton, à part : Où a-t-on été me le trouver celui-là ?

    • Vos barreaux sont là pour me rappeler d'avoir honte. Pour me forcer à la gravité de vivre. Mais voyons pour quoi la vie serait-elle grave ? Il n'y a que les nigauds pour vouloir croire et se berner avec l'idée des lois, de l'ordre. C'est votre père Noël à vous. Mais grandissez un peu mon vieux ! Le souci avec ça c'est que ca vous dérange que les gens puissent penser que c'est du faux. Ca vous obligerait à regarder les choses. La cessité est plus confortable. Alors vous éborgnez les gens. Oui vous les éborgnez ! Vous êtes ce que l'on appelle le parfait Salaud pure jus. Inspiré, je crus bon d'ajouter : Ah, je n'aimerais pas être dans vos chaussures, ah ça non !

    • Ni moi dans les vôtres, je vous rassure ! L'exhibitionnisme sur la voie publique coûte relativement chère mais ne mène pas obligatoirement à la prison tandis que vous venez de m'offrir un boulevard ! Que pensez-vous de ça ; insulte à agent ?

    • Que vous êtes un hypocrite, je persiste ; vous déguisez le mot honnêteté en celui d'insulte. Ah ça ! Ca aurait une autre gueule sur le rapport à rendre « honnêteté à agent ».

    • Et forcer l'intégrité visuelle des autres, vous trouvez ça honnête ?

    • Oui, je ne me fais pas passer pour ce que je ne suis pas : se dit-on « celui là, il est fauché, bourgeois, boulanger, réactionnaire, végétarien, UMPétiste ? Non ! On voit un homme irréductible. Et au fond, ca vous dérange.

    • Je vois surtout un fou.

    • C'est ce que l'on dit quand on est à court de balises référentielles. Vous avec vos galons et votre bon petit uniforme, vous vous êtes laissé situer, vous avez abdiqué. Vous avez tellement épousé votre rôle que vous en êtes devenu moche ; exactement comme on s'attend à voir un brigadier. Votre condition se lit sur vos traits et fait de vous une caricature vivante, à force de mimer, vous vous êtes cru. Vous avez tout d'un Erostrate ; vôtre plaisir, vous le trouvez dans la subordination des détenus.

    • De qui fait-on le procès verbal ici ? Restez à votre place, c'est un conseil !

    Après de si belles tirades, le type était K.O. Je le voyais griffonner méchamment sur son calepin, mais je m'en moquais. Rivé sur le souvenir de Camille, ma Khâgneuse inaccessible, j'étais tout à l'idée des effets de mon héroïsme sur son cœur. Maintenant, loin de regretter de ne pouvoir en fournir la preuve, je m'enorgueillissais de le taire. Ma transformation s'opérait, j'étais entrain d devenir un autre homme grâce à l'action. Consciencieux, je voulu pousser le processus jusqu'au bout et balançait une canette à Hugo dont la quiétude inadaptée ne s'accordait pas à la solennité du moment. J'entendis du bruit et Ménard aboyer.

    • C'est pourquoi mademoiselle ?

    • Bonjour Monsieur.  Camille Ostewic, je vous ai appelé ce matin.

    Camille ! Elle était venue me voir, elle s'inquiétait. Sa longue chevelure bouclée encadrait son teint pâle. Elle aussi venait défier l'Ordre. Je fus ému.

    • le traitement préventif n'a pas été correctement administré à Monsieur Fleurier lors de la sortie hebdomadaire. Je suis chargée d'encadrer tout un groupe et il arrive que je ne puisse pas toujours les contenir. Vous comprenez, Saint Anne manque d'effectifs.

    Ménard se retourna vers moi avec un air de bourreau :

    - Votre accompagnatrice est là Monsieur Fleurier.  


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  • Je suis arrivée à Newry il y a huit mois de ça, avec tout le bagage de préjugés culturels que supposait ma nouvelle immersion et les simplifications malheureuses que la distance favorise : pour moi, l'Irlande était la verte Erin ; une Avalon imprenable avec l'imagerie romantique que cela suppose: Corto Maltese et les Banshee, la dynastie furibonde des Thuata de Danann, les pubs bariolées, la Guinness, la musique celtique et les moutons placides broutant avec une bonhomie millénaire des hectares de landes verdoyantes. En filigrane, il y avait bien un peu de culture politique, mais si peu ! Les troubles je ne les connaissais que par le Bloody Sunday de U2 que j'écoutais avant même de savoir parler anglais sans bien comprendre. Moi même d'origine bretonne, je concevais sans mal qui étaient les bons, qui étaient les méchants : il y avait les opprimés; républicains et les occupants; loyalistes. Une vision paresseuse, grossière en un mot comme en dix : confortable. Dans ma cartographie mentale, j'avais colorié en vert de Mizen Head jusqu'à Carlingford et en Orange de Newry jusqu'au Donegal. Sans dépasser s'il vous-plait ! Pas de mélanges.

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  • Délégations sportives venues du monde entier, une couverture médiatique internationale, un afflux touristique colossale; les jeux Olympiques 2014 s'annoncent être un événement majeur où les élites sportives s'affronteront au nom des valeurs cardinales de Fair-play, d'endurance, et d' esprit d'équipe que devait saluer ce mois de février 2014.

     

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